Tuesday, October 31, 2006

Where is my ring goddamn it!

My birthday this year was very low-keyed. I didn't feel much like celebrating because it was exactly one month since my dad passed away. My boyfriend was good to me with jewelry [is there such a word as jewelries]. A gorgeous watch and three strands of pearls. But, where is my god damned ring?

Violence et résistances à Guantánamo

Violence et résistances à Guantánamo

Lors d’une rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel, qui estime que le camp de détention de Guantánamo « doit à terme cesser d’exister », le président des Etats-Unis, M. George W. Bush, a invoqué la guerre antiterroriste pour répondre : « La base de Guantánamo est nécessaire à la protection des Américains. » Détenu aux Etats-Unis à la suite des attentats du 11-septembre, auxquels il n’a pas participé, M. Zacarias Moussaoui encourt la peine de mort. Son procès commencera début mars (lire « Peine de mort pour M. Zacarias Moussaoui ? »).


Des suffragettes anglaises en 1909 aux détenus politiques des geôles turques en 1984, 1996 et 2000, en passant par Gandhi en 1943 et 1948, Bobby Sands en 1981 (1), mais aussi les sans-papiers lillois en 2004, la grève de la faim reste l’arme de la désobéissance et du défi face à un pouvoir autiste et écrasant. Sur la base militaire de Guantánamo, ceux que les autorités américaines nomment des « combattants ennemis » ont à six reprises et à plusieurs dizaines, voire centaines, défié leurs geôliers du Pentagone entre février 2002 et fin septembre 2005.
Les premiers mouvements de protestation de la part des quelque cinq cents détenus enfermés à Guantánamo débutent en février 2002, une poignée de semaines après l’arrivée des premiers d’entre eux. Nous ne connaissons ces actions que dans leurs grandes lignes, grâce notamment au travail des associations américaines de défense des droits humains ; elles ne cessent de diffuser des informations et des analyses complétant les maigres déclarations officielles. On citera par exemple Amnesty International (2), Human Rights Watch (3), l’American Civil Liberties Union (ACLU) (4), le Center for Constitutional Rights (CCR) (5), qui tous dénoncent à la fois les dangers que Guantánamo fait peser sur les libertés de chacun à travers le monde, la responsabilité de l’administration Bush dans l’utilisation de la torture, sa manipulation et son non-respect du droit, américain et international, son autoritarisme et son goût du secret, l’impunité dont elle semble bénéficier.


A Guantánamo, deux grèves de la faim auraient eu lieu avant le 27 février 2002 ; elles durent, semble-t-il, peu de temps et sont le fait d’une minorité de détenus. Changement d’échelle à partir de cette date puisque, le lendemain, l’administration militaire reconnaît que cent quatre-vingt quatorze prisonniers refusent de s’alimenter. Mi-mars 2002, trois détenus sont nourris de force. Début mai, les deux derniers grévistes sont eux aussi alimentés de force après, respectivement, soixante-trois et soixante et onze jours de jeûne. Une quatrième grève aurait eu lieu en décembre 2002. D’une durée de six semaines, selon un détenu de nationalité britannique qui y participa, elle aurait été entamée parce qu’un garde avait jeté le Coran par terre. Les cinquième et sixième grèves sont mieux connues. La première intervient entre le 21 juin et le 28 juillet 2005, la seconde du 8 août à fin septembre 2005. La totalité des détenus du camp 5, fermé à tout visiteur, aurait massivement participé aux deux mouvements.
D’après des avocats de la société Shearman & Sterling présents, fin juin 2005, afin de rencontrer leurs clients, les revendications des détenus concernent tous les aspects de leur vie dans le camp. Ils expliquent : « Nous voulons qu’on respecte notre religion (...) ; nous voulons des procès équitables et des avocats ; nous voulons une nourriture suffisante et de l’eau non souillée (...) ; nous voulons voir la lumière du soleil (...) ; nous voulons savoir pourquoi nous sommes depuis si longtemps dans le camp 5, depuis plus de un an dans certains cas (...) ; nous voulons des soins médicaux (...) ; nous devons avoir des contacts avec nos familles, leur écrire et recevoir leurs courriers (...) ; chacun doit être traité de la même façon (...) ; nous réclamons une commission impartiale qui enquête et fasse connaître publiquement la situation qui prévaut à Guantánamo. »


Grévistes de la faim

A partir du 2 juillet, les détenus jeûnent vingt-six jours consécutifs. Confronté à la détermination des grévistes, le ministère de la défense reconnaît certains des manquements qu’ils dénoncent, notamment ceux qui ont trait à leur vie quotidienne. De l’eau minérale en bouteilles commence à être distribuée. Les autorités acceptent également la création d’un comité de détenus chargé de négocier avec le commandement du camp les demandes des prisonniers, et elles promettent de mettre en accord les règles de détention avec les conventions de Genève.

Sur la foi de ces promesses, les grévistes cessent leur mouvement, le 28 juillet. Mais, mi-août, après que des détenus ont été battus par les membres de l’unité spéciale Force de réaction extrême et qu’aucune des promesses n’a été vraiment tenue, y compris celles relatives à l’amélioration de la nourriture et à la qualité de l’eau, le mouvement reprend, suivi encore plus massivement. Les membres du comité des détenus sont alors tous placés à l’isolement. L’avocat du CCR, M. Clive Stafford-Smith (6), présent à Guantánamo du 4 au 14 août, se voit interdire par les autorités militaires toute rencontre avec son client, M. Hisham Sliti.

Selon un autre détenu, M. Binyam Mohammed, qui, lui, rencontre son avocat au même moment, « nous demandons seulement justice : traitez-nous comme promis selon les règles des conventions de Genève qui s’appliquent aux prisonniers civils et, de deux choses l’une, ou vous nous jugez équitablement sur la foi d’une inculpation criminelle valide, ou vous nous libérez ». Les grévistes paraissent décidés à aller jusqu’au bout. Fin août, malgré le silence des autorités militaires, les avocats des détenus affirment qu’au moins deux cent dix d’entre eux participent au mouvement. Le 2 septembre, un porte-parole du ministère de la défense confirme la grève de la faim, mais la circonscrit à soixante-seize détenus, et il annonce que neuf grévistes sont hospitalisés et alimentés de force.

Grâce au Freedom of Information Act (« loi sur la liberté d’informer »), qui permet à un détenu de demander et d’obtenir son dossier auprès des agences de sécurité du pays (7), le CCR rapporte des tentatives de suicide collectif qui ont eu lieu au moins à deux reprises. Durant les dix-huit premiers mois de fonctionnement du camp, vingt-huit tentatives de suicide ont été enregistrées, concernant dix-huit personnes. En août 2003, la même semaine, plus d’une vingtaine de prisonniers essaient de se pendre dans leurs cellules ; aucun n’y parvient. Pour la seule journée du 22 août 2003, on relève dix tentatives de suicide. Mais, dans le jargon militaro-médical des médecins en poste à Guantánamo, une tentative de ce genre devient « un geste destiné à attirer l’attention » de la part de détenus « manipulateurs au comportement nuisible pour eux-mêmes ».

Guantánamo est-il seulement un camp ou une prison militaire, un lieu de relégation pour détenus indésirables ? Ne s’agit-il pas plutôt d’une institution totalitaire, parce que sans existence légale ? C’est là tout le combat des organisations non gouvernementales (ONG) américaines devant les tribunaux : faire reconnaître l’application de la loi des Etats-Unis et du droit sur cette base, possession militaire américaine en territoire cubain depuis 1902. Elles ont obtenu un premier succès quand, le 28 juin 2004, la Cour suprême des Etats-Unis, dans l’arrêt Rasul versus Bush, a rendu une décision favorable aux détenus de Guantánamo en reconnaissant la compétence des tribunaux fédéraux américains dans l’examen des appels des prisonniers de nationalité étrangère détenus sur la base militaire. Mais cette décision n’a jusqu’à présent pas été appliquée par les autorités militaires. Des détenus, dont l’identité est pour certains toujours inconnue, ne bénéficient pas des services d’un avocat (8). Les prisonniers ont été soustraits au monde du droit par une administration Bush qui souhaite agir à sa guise, en se confectionnant son propre mode opératoire hors de toute contrainte démocratique légale, hors de tout traité international.

Dans un communiqué d’avril 2005 (9), Amnesty International utilise d’ailleurs le terme de « disparus » pour qualifier les détenus fantômes, ceux de Guantánamo mais aussi ceux, environ quarante, tombés aux mains de la CIA, sans oublier ceux qui ont été transférés secrètement à des pays tiers (entre cent et cent cinquante) (10). L’organisation de défense des droits humains utilise également les termes d’« exécutions extrajudiciaires » pour relater le meurtre au Yémen, en novembre 2002, de six membres présumés d’Al-Qaida dont la voiture fut atteinte par un missile (11). Ce système illégal, dont nous connaissons aujourd’hui tout juste les contours, repose naturellement sur le secret : transports secrets de détenus d’un pays à l’autre ; vols secrets affrétés par la CIA ; détention au secret sur des bases militaires américaines ; tribunaux militaires gardant secrets les dossiers rassemblés sur les « combattants ennemis », refusant de leur en communiquer le contenu ainsi qu’à leurs avocats civils, ce qui interdit toute défense efficace ; interdiction faite à l’Organisation des Nations unies (ONU) de se rendre sur place, visites très encadrées pour les sénateurs américains et pour les journalistes.

Disparitions, secrets, tortures, tribunaux militaires, exécutions extrajudiciaires : autant de méthodes ordinairement appliquées par les régimes dictatoriaux, que l’administration américaine reprend à son compte.

Pourtant, la dénonciation de ces faits mobilise assez peu les opinions publiques occidentales, sensibles, depuis les attentats du 11 septembre 2001, aux déclarations de leurs gouvernements, qui usent volontiers d’un langage « terrorisant ». A Guantánamo, il n’y aurait ainsi que des talibans et des membres d’Al-Qaida ou leurs associés, des « fous de dieu » dont certains auraient abattu des Américains en Afghanistan et ailleurs, ou auraient aimé le faire. Les détenus de Guantánamo ne seraient alors que des terroristes et des tueurs qui, par leurs actions ou leurs pensées, se sont mis à l’écart du reste de l’espèce humaine. Qu’ils demeurent captifs indéfiniment, sans être jamais jugés, est perçu comme un moindre mal par des opinions qui adhèrent au consensus répressif en intégrant un discours de la peur distillé quotidiennement, et que la Maison Blanche sait gérer quand elle veut afficher sa détermination. Face à une telle situation, la dénonciation de la torture et de Guantánamo reste sans conséquence politique, car il n’existe pas de mobilisation collective contre l’existence de cette institution totalitaire.